Euridice

il est tard, il est tôt,
profonde est la blessure
du soldat étendu
dont le sang coule à flot

"j'ai froid"

puis la plainte s'est tue

Un oiseau affolé d'une colère sombre
se jette à corps perdu au travers du cristal
d'une vitre...

Ensorceleuse, oui toi, petit chat sauvage
tu m'as pris dans tes yeux, je suis ta prisonnière
j'ai trouvé mon âme soeur et je ne veux jamais
cesser d'être sous ton sortilège...

elle est intacte encore cette neige du matin,
la ville se marie en tulle et en dentelles,
il y aura la fête puisque les flocons dansent
comme une lune tombée sur tout le paysage...

Elle tremblait dans la rue
la nuit fut longue dehors
elle tendait son gobelet
sans bruit des pièces qui sonnent

alors à pas de loup
une main amie et triste
lui offra un croissant
et un chocolat chaud

elle s'est jeté dessus
le meilleur geste pour dire merci
que Dieu la garde et tous les autres
c'est dur de vivre sans abri

Pas de neige et pourtant elle est frigorifiée,
le soleil s'avance, elle reste paralysée
et cette douce malchance d'être pour toujours...

tombée

Des épines sans roses et tant de barbelés,
le froid maintenant intense: le chemin est gelé
la lune tombe sans étoiles et mes mains me font mal
tout semble être une impasse, je ne sais plus où aller

je n'ai plus d'espérance, qu'un jour il y ait une fin
à cette guerre de 20 ans, cette bataille immense
ou trop tard, ou trop tôt j'ai du mal m'orienter
je serais les dents pour mieux me forcer à marcher

toujours, encore, ce soir et demain à nouveau
l'impossible combat auquel on ne croit plus
vingt ans après l'enfance et pourtant c'est comme ça
combien encore à vivre sans croire qu'il aura une fin?

toujours?

Je t'ai pris dans mes bras
je t'ai parlé tout bas
tu n'as pas répondu
mais je sais , mais je crois
que tu es avec moi

je fermerais les yeux pour calmer l'impatience
de te voir enfin là, enfin proche, enfin deux,
pendant que tu te battras seule sur l'immense chemin
qui hypnotise les yeux sur des loupiotes rouges...

Elle est venue, elle est venue, plus belle que la neige
et a dit oui au monde le 11 décembre d'un cri
qui inspira l'air chargé de flocons qui dansaient
elle, une petite fée de neige,
une petite fille de vie

Elles dansent, elles dansent et posent sur nos fronts
la caresse indicible de l'envoûtante neige...

se tordre de fatigue, d'impatience et de peur
de ne pas jusqu'au bout tenir bon malgré tout
les corvées, le chemin des rendez-vous supplices
le corps brisés, le coeur? impossible là à dire

il me faudrait un but, une promesse, un espoir
que tout se termine bien et que je pose bagages,
il faudrait qu'une fée rende à ma vie ses rêves
et le sourire enfin revenu sur nos lèvres

Tu réfléchis jamais à ce que tu dis?
T'es cruelle et violente
mais j'apprendrais la haine